De plus en plus proclamé ou réclamé, consommer local est cependant plus qu'une action militante. C'est une solution à beaucoup de problèmes environnementaux et à la pauvreté. Il faut aider les producteurs pour rendre l'offre de proximité accessible, saine et suffisante. La science du bio et de l'amélioration des semences semble être de leur côté.

La problématique de la disponibilité de ressources pour les besoins alimentaires des populations semble s’étendre de façon inexorable. De nos jours, presque tous les continents, certes à des degrés divers, sont touchés par des pénuries alimentaires. En dépit des belles promesses de l’agriculture intensive avec l’utilisation excessive des pesticides, il est possible de tourner les regards ailleurs pour une production agricole plus durable. Cela passe par l’identification des points d’action dont la réduction des excès de fertilisant, la sélection appropriée des types de culture et de semence et bien d’autres démarches. L’application de ces mesures aux niveaux locaux et nationaux peut avoir des impacts appréciables au niveau global[i]. Le retour à l’agriculture biologique est cette alternative à laquelle il faudra se consacrer et de l’avis des scientifiques elle a le potentiel de nourrir la planète si nous adoptons les mesures d’accompagnement nécessaires en termes de changement de comportement[ii].

Nourrir le monde nécessite la contribution de tous. Les producteurs familiaux qui nourrissent 80% des populations en Afrique et en Asie[iii] éprouvent des difficultés à assumer ce rôle pour plusieurs raisons. En dehors de phénomènes conjoncturels, des approches structurantes d'amélioration de leur production sont disponibles mais encore peu utilisées.

Dans cette perspective, Pluts en collaboration avec des associations locales soutient le travail de petits producteurs locaux au Burkina Faso en vue du renforcement de l’offre de produits vivriers. La contribution de Pluts consistera en l’apport en semences améliorées issues des travaux de recherche des chercheurs locaux. Pour la première année d’expérimentation, c’est la variété de niébé Komcalle[iv] de l’INERA qui a été retenue par les producteurs. Cette collaboration et les acteurs qui l’animent sont conscients qu’ils n’interviennent pas dans un espace vierge et que la science n’est pas seule source du savoir[v]. Ce faisant, le projet pilote initié dans une perspective de co-construction, de partage et de transfert mutuel (chercheurs-producteurs) de connaissances touchera aussi les approches de préservation du savoir endogène des paysans et producteurs des zones ciblées. Après les étapes de préparation qui sont en cours, la phase de la mise en œuvre qui commencera en 2023 s’étendra sur 2 ans.  

 

[i] West, P. C., Gerber J. S., Engstrom P. M. et al.  (2014). Leverage points for improving global food security and the environment. Science, 345(6194), 325-329.

[ii] Muller A., Schader C., Scialabba N. E-H., et al., (2017). Strategies for feeding the world more sustainably with organic agriculture. Nature communications 8(1290) 1-13. DOI: 10.1038/s41467-017-01410-w.

[iii] FAO (2017). La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture. Mettre les systèmes alimentaires au service d’une transformation rurale inclusive.

[iv] Ministère de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques (2022). Présentation de nouvelles variétés de niébé : Komcallé. https://www.agriculture.bf/jcms/mar_101608/fr/presentation-de-nouvelles-varietes-de-niebe-komcalle

[v] Fayeraben, K. P. (1970). Against method: outline of an anarchistic theory of knowledge. University of Minnesota Press, Minneapolis.